La Ville de La Seyne-sur-Mer vient de mettre en ligne un site
entièrement dédié au Pont Levant. Construit dans les années 1920
et emblème des anciens chantiers navals, le Pont levant a été
réhabilité. Il est doté d'un ascenseur qui permet d'atteindre le
belvédère à 40 m de hauteur. Au 1er étage, exposition de la
salle des machines et enfin, le Pont est doté d'un éclairage par
leds. Le Pont est inscrit à l'inventaire supplémentaire des
monuments historiques.
Embarquement des VBCI pour l’Afghanistan (Crédits : Marine
Nationale - Emmanuel Rathelot)
La flotte française poursuit la mise en place de sa politique
visant à élaborer un processus de démantèlement pour ses navires
retirés du service. Début juillet, la Marine nationale comptait
32 grandes coques désarmées de plus de 373 tonnes (du P400 au
croiseur) pour un tonnage total de 100.000 tonnes. S'appuyant
sur le retour d'expérience de l'ex-Clemenceau, la Rue Royale
traite les navires en fin de vie en trois phases : désarmement
et sécurisation, expertise des matériaux polluants permettant
l'obtention d'un « passeport vert » et, enfin, démantèlement.
Actuellement, seule la Jeanne d'Arc en est au stade du
désarmement et de la sécurisation. 14 autres coques ont déjà été
expertisées et entrent désormais dans le processus de
déconstruction. Un premier appel d'offres en ce sens a été lancé
en février 2010 et le marché doit être notifié en 2011. Il porte
sur l'ex-Bouvet (actuellement à Lorient), et les anciens Dives,
Argens et Saône, en attente à Toulon. Ces quatre bateaux seront
les premiers à partir à la déconstruction, l'an prochain.
Un second appel d'offres pour le démantèlement de 10 autres
coques doit être lancé en 2011 en vue d'une notification en
2012. Il concerne les ex-Duperré, La Galissonnière, Enseigne de
Vaisseau Henry, Détroyat, Jean Moulin et D'Entrecasteaux ;
situés dans la région brestoise (Brest, Lanvéoc et Landévennec)
; ainsi que les ex-Orage, Ouragan, Commandant Rivière et
Bougainville, conservés à Toulon.
17 grandes coques et 80 petits navires en attente
17 autres coques ne feront pas partie de ces deux appels
d'offres. Il s'agit de bâtiments désarmés récemment ou servant
de brise-lames (Lanvéoc, Lorient, Saint-Mandrier, Ile du
Levant). Dans ce dernier cas, ils partiront à la démolition
lorsque les ouvrages maritimes appelés à les remplacer seront
réalisés. La marine prévoit l'achèvement de ces ouvrages entre
2014 et 2017. Les coques brise-lames sont les ex-Suffren,
Duquesne, Duguay-Trouin, Aconit, Bouvet (qui va être remplacé
par la Loire), Rhin, Rhône et Rance. Un certain nombre d'autres
bateaux sont, quant à eux, conservés à quai ou au mouillage :
Colbert et Fougueuse à Landévennec ; Persée, Verseau et Rari à
Brest ; Jules Verne, Persévérante et Isard à Toulon. L'ancien
dragueur de mines Phoenix, à Cherbourg, fait quant à lui l'objet
d'un marché particulier, en cours de notification. Il sera
probablement déconstruit sur place compte tenu de son état. Les
16 autres coques feront l'objet d'appels d'offres ultérieurs,
l'objectif de la marine étant de les éliminer d'ici la fin de la
décennie.
Outre les grandes coques, la marine recense 80 petits navires
désarmés de moins de 373 tonnes, ce qui représente un tonnage
global de 10.000 tonnes. Ces bateaux sont soit expertisés, soit
le seront d'ici 2011. L'an prochain, toutes les petites coques
qui auront leur passeport vert feront l'objet d'un appel à
candidatures spécifique en vue d'être démantelées.
Un processus très strict
Depuis l'affaire du Clemenceau, le ministère de la Défense a
repris à son compte le démantèlement des navires (les coques
appartenaient autrefois aux Domaines, qui dépend du ministère
des Finances). Pour cela, la marine a reçu un budget de 50
millions d'euros sur la période couvrant la loi de programmation
2009-2014. Tous les navires désarmés font désormais l'objet d'un
processus très strict, financé par ce biais. Après la phase de
sécurisation (évacuation des fluides, débarquement des
matériels, obturation des ouvertures...), chaque bateau est
expertisé afin de cartographier, à bord, l'ensemble des matières
polluantes ou potentiellement polluantes (amiante, PCB,
peintures au plomb...). En la matière, le principe de précaution
prévaut. Ainsi, si on soupçonne la présence d'amiante sur une
cloison, c'est l'ensemble de cette cloison qui est considérée
comme amiantée. Pour l'expertise, un premier marché portant sur
une vingtaine de coques avait été confié au Bureau Veritas. Un
second appel à candidatures sera lancé fin 2010 pour l'expertise
des Colbert, Jules Verne, Persévérante et Fougueuse ; alors
qu'un troisième marché d'expertise est prévu en 2011. D'autres
devraient suivre en 2012 et 2013.
Ces expertises servent aux entreprises candidates au
démantèlement des bâtiments. Pour la déconstruction, le
ministère de la Défense a opté pour une procédure de marchés
publics négociés avec mise en concurrence. En clair, les
entreprises intéressées par cette activité se font connaître.
Les militaires évaluent ensuite les capacités techniques et
financières des candidats, ce qui leur permet de déterminer une
« short list » d'industriels auxquels les expertises sont
confiées, afin que les sociétés puissent chiffrer le coût des
travaux et remettre une proposition. Ces « appels d'offres »
sont exclusivement européens, la législation communautaire
interdisant l'exportation de matières dangereuses hors des pays
de l'UE (sans compter que le code des marchés publics impose, au
delà d'une certaine somme, de passer les appels d'offres au
niveau européen)
L'entreprise retenue pour déconstruire le ou les navires fait,
ensuite, l'objet d'un suivi de la part de la marine tout au long
de la déconstruction. « La Marine nationale est extrêmement
attachée à développer sa politique de développement durable pour
la déconstruction de ses navires. C'est une priorité de
respecter la protection de l'environnement, des ouvriers
travaillant sur les chantiers et, bien entendu, la législation
sur les matériaux polluants. Cela se traduit par un cahier des
charges extrêmement strict et développé sur ces points, et un
suivi permanent, par nos experts, tout au long du processus.
Comme cela est le cas pour l'ex-Clemenceau, nous nous rendrons
physiquement sur les chantiers pour vérifier concrètement que,
dans les faits, les entreprises respectent notre cahier des
charges », explique-t-on Rue Royale.
L'exemple du Clemenceau
Cette politique en matière de déconstruction découle des
mésaventures de l'ex-Clémenceau, dont la démolition avait
initialement été gérée par Bercy (propriétaire vie da la coque
via les Domaines). Après ses invraisemblables périples en
Méditerranée puis vers l'Inde, avant son retour à Brest au
printemps 2006, le ministère de la Défense a repris les choses
en main. A l'issue d'une cartographie des matières polluantes
puis d'un appel d'offres, la déconstruction du Q790 a été
confiée en juin 2008 à la société anglaise Able UK. Remorqué,
l'ex-Clemenceau est arrivé aux chantiers d'Hartlepool en février
2009. Dans une gigantesque darse, où Able UK procède également
au démantèlement de vieux bâtiments logistiques américains et de
navires de la Royal Navy, la dépollution et la déconstruction a
pu commencer. Les travaux sont surveillés de très près par les
militaires français, qui se rendent régulièrement sur place.
L'attention porte plus particulièrement sur le traitement des
matières amiantées. Celles-ci sont introduites dans des saces
spéciaux hermétiques puis stockées à bord dans un local confiné.
A partir d'une certaine quantité, elles sont ensuite évacuées
vers un centre de traitement spécialisé situé à quelques
kilomètres du chantier. Pesés au départ et à l'arrivée, ces
matériaux font l'objet d'une traçabilité très stricte. Les
dernières phases de dépollution de la coque sont menées
parallèlement à son découpage. Il s'agit, en effet, des parties
amiantées qui n'étaient pas accessibles avant la déconstruction
du bateau. Le chantier, qui a bien avancé, devrait s'achever à
l'automne, avec un peu de retard sur le calendrier initial.
Comme ce sera le cas pour les futurs marchés, le ministère de la
Défense récupèrera le produit de la vente des matériaux recyclés
issus du Q790. Ces gains seront soustraits du prix de la
déconstruction, estimé à une dizaine de millions d'euros pour
l'ancien porte-avions. Ainsi, les militaires français estiment
que la déconstruction de l'ex-Clemenceau devrait, in fine,
coûter entre 2.5 et 4.5 millions d'euros, suivant le cours des
matières premières. On notera que le ministère de la Défense a
initié une démarche assez intéressante avec Able UK, visant à
inciter l'entreprise à recycler le plus possible de matériaux.
Un minimum de recettes a été fixé avec la société anglaise à 5.8
millions d'euros. Puis, si Able UK vend plus, il y gagne. Entre
5.8 et 7.8 millions d'euros de matières recyclées vendues, 65%
sont versés à l'Etat et 35% à l'entreprise. Et, au delà de 7.8
millions d'euros, Able UK récupère 100% des bénéfices.
Après ce premier marché avec la France, nul doute qu'Able UK
postulera au démantèlement d'autres unités de la Marine
nationale. Mais l'industriel anglais n'est pas le seul en lice.
Le franco-belge Galoo (qui a déconstruit des bâtiments belges et
britanniques) et les groupes français Veolia et Suez se
positionnent également. Veolia souhaite implanter un centre de
recyclage à Bordeaux (où il a déconstruit des navires de pêche),
et Suez a achevé cette année la déconstruction de l'ex-frégate
Lucifer à Cherbourg. D'autres entreprises plus petites,
notamment dans la région brestoise, pourraient aussi faire
valoir leurs atouts. Ainsi, la société quimpéroise Le Gall va
débuter à l'automne, à Brest, le démantèlement du cargo Winner,
arraisonné en 2002 par la Marine nationale.
Photos et source web